Haïti - Une crise multidimensionnelle entraînant des déplacements continus

Haïti est confronté à une crise multidimensionnelle caractérisée par la violence des gangs, un phénomène de déplacement massif et des besoins humanitaires importants. Malgré des efforts visant à rétablir la stabilité du pays, la situation reste extrêmement préoccupante et exige la solidarité de la communauté internationale.

3 oct. 2024 - Également disponible en : English | Español

Mexique. Jessica (à gauche) et Jessie (à droite) sont des sœurs jumelles réfugiées au Mexique. Elles sont nées à Port-au-Prince, en Haïti, et ont rejoint le Mexique pour retrouver leur mère, Julie, qui a quitté son pays en raison de menaces et de violences. ©HCR/Aurora Herrera

Mexique. Jessica (à gauche) et Jessie (à droite) sont des sœurs jumelles réfugiées au Mexique. Elles sont nées à Port-au-Prince, en Haïti, et ont rejoint le Mexique pour retrouver leur mère, Julie, qui a quitté son pays en raison de menaces et de violences. ©HCR/Aurora Herrera

La violence généralisée des gangs en Haïti a conduit à une inquiétante augmentation des violations des droits humains et à des déplacements internes à grande échelle. La violence des gangs à l’encontre de la population haïtienne s’est étendue de la capitale, Port-au-Prince, aux zones rurales isolées. Cette violence omniprésente se traduit par des violences sexuelles, des enlèvements, des pillages, des barrages routiers et des recrutements forcés par les bandes armées, ainsi que par un nombre croissant d’attaques contre les hôpitaux, les écoles, les lieux de culte et d’autres infrastructures sociales essentielles.

L'escalade de la violence et ses conséquences

2010

Un violent tremblement de terre de magnitude 7 a frappé Haïti, faisant plus de 200 000 morts et des millions de déplacés. Plus tard dans l'année, une épidémie de choléra a entraîné la mort de près de 10 000 personnes et a contaminé des centaines de milliers d'autres.

2016

Lorsque Jovenel Moïse a accédé à la présidence en 2016, son élection a fait l'objet d'accusations de fraude, ce qui a entraîné des manifestations et une instabilité politique. Les troubles se sont poursuivis jusqu'en juillet 2018, avec de grandes manifestations contre Jovenel Moïse pour dénoncer la corruption, les problèmes économiques et les pénuries de carburant.

2021

Juillet

Le président Jovenel Moïse est assassiné, plongeant le pays dans une profonde crise politique.

Août

Haïti est frappé par un tremblement de terre de magnitude 7,2.

2021-2022

L'assassinat du président Moïse laisse un vide politique, aggravant une situation sécuritaire déjà instable. La violence des gangs, les enlèvements et l'insécurité générale montent en flèche, tandis que le Premier ministre par intérim, Ariel Henry, peine à organiser des élections.

2023

Janvier

Le gouvernement haïtien ne parvient pas à organiser des élections, invoquant des niveaux de violence sans précédent de la part des gangs, et Haïti perd ses derniers représentants démocratiquement élus.

2024

Février

Les gangs de l'alliance Viv Ansamn lancent des attaques coordonnées à Port-au-Prince pour détenir des fonctionnaires et entraver les efforts du Premier ministre par intérim Ariel Henry pour obtenir une mission internationale de sécurité soutenue par l'ONU et menée par le Kenya pour lutter contre les gangs dans le pays.

Mars

Ariel Henry signe un accord avec le Kenya pour le déploiement de 1 000 policiers afin de lutter contre la violence des gangs, mais le processus est retardé par une décision de justice qui juge le déploiement anticonstitutionnel.

Les gangs haïtiens continuent d'intensifier leurs attaques, prenant d'assaut deux des plus grandes prisons du pays et libérant plus de 4 000 détenus. Ils ont également pris le contrôle de la zone entourant l'aéroport international, entraînant sa fermeture pendant plusieurs mois. En réaction, le gouvernement haïtien déclare l'état d'urgence.

Alors que les appels à sa démission se multiplient, Ariel Henry se rend à Puerto Rico à son retour du Kenya et annonce son intention de quitter le pouvoir une fois qu'un conseil de transition aura été mis en place. L'avion d’Ariel Henry est bloqué à Puerto Rico et ne peut retourner en Haïti pour des raisons de sécurité.

Avril

Le gouvernement kenyan suspend son déploiement en Haïti jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement. Un accord pour un gouvernement temporaire, qui durerait jusqu'en février 2026, est proposé le 7 avril. Le 25 avril, Ariel Henry démissionne et est remplacé par le Conseil présidentiel de transition.

Mai

Les affrontements entre les gangs et les forces de sécurité se poursuivent, mais commencent à diminuer à la fin du mois de mai. Le 28 mai, le Conseil de transition nomme Garry Conille au poste de Premier ministre.

Juin

Le Conseil de transition d'Haïti nomme un nouveau cabinet le 11 juin. Le 26 juin, le premier contingent kenyan de 400 policiers d'élite atterrit à l'aéroport international de Port-au-Prince après des mois de retard.

Septembre

Le gouvernement haïtien crée un conseil électoral provisoire le 18 septembre, ouvrant la voie à la tenue d'élections d'ici 2026.

L'ampleur de la crise est impressionnante : près de la moitié des 11,9 millions de civils haïtiens ont besoin d'une aide humanitaire (lien en anglais). La violence des gangs et l'instabilité politique ont entraîné le déplacement d'un nombre record de 702 973 personnes à l'intérieur du pays (lien en anglais), faisant d'Haïti le pays présentant le taux le plus élevé de déplacements dans le monde en raison de la violence liée à la criminalité. En 2024, le HCR a recensé plus de 350 000 réfugiés et demandeurs d'asile haïtiens dans le monde, dont beaucoup entreprennent des périples dangereux à travers les Amériques et les Caraïbes.

L'élection du Conseil présidentiel de transition et l'arrivée récente du premier contingent de policiers kenyans dans le cadre de la mission multinationale d'appui à la sécurité ont permis de progresser lentement vers la stabilité, ce qui représente une lueur d'espoir pour les Haïtiens.

Une stratégie sur le long terme devrait être mise en place pour protéger et soutenir les populations vulnérables, fournir des services essentiels, renforcer la capacité des Haïtiens à investir dans l'éducation, promouvoir une croissance économique inclusive et la création d'emplois, et renforcer l'état de droit. L'aide humanitaire est essentielle pour sauver des vies, et cette réponse humanitaire doit servir de tremplin à des actions de relèvement durables.

There has been slow progress towards stability through the election of the Transitional Presidential Council and with the recent arrival of the first contingent of Kenyan police officers as part of the Multinational Security Support mission, there is a glimmer of hope for Haitians for some stability.

A comprehensive and sustainable long-term strategy will help to, to protect and support vulnerable populations, deliver essential services, strengthen Haitian capacity to invest in education, promote inclusive economic growth and job creation, and strengthen the rule of law. Humanitarian aid is critical to saving lives, and the humanitarian response needs to serve as a steppingstone to durable, sustainable recovery actions.

Aperçu de la situation en Haïti

La crise actuelle, multidimensionnelle, représente une menace importante pour la vie, la santé, la sécurité et le bien-être de la population haïtienne. Elle a entraîné d'importants déplacements internes, exacerbant ainsi les vulnérabilités déjà présentes au sein de la population.

En date du mois de septembre 2024, près de 703 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile en raison de la violence des gangs et de l'insécurité générale. Le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays a doublé entre 2022 et 2023. Au cours des neuf premiers mois de 2024, plus de 390 000 personnes ont été déplacées. Ces déplacements ont eu lieu dans tout le pays, mais la majorité des personnes déplacées sont concentrées dans le département de l'Ouest, qui comprend la capitale, Port-au-Prince.

Nombre de personnes déplacées par province

Source: OIM-DTM

Les enfants sont particulièrement vulnérables dans cette crise. Plus d'un demi-million d'enfants vivent dans des quartiers contrôlés par des groupes armés, ce qui les expose à la violence et au risque de recrutement. La violence actuelle a entraîné la fermeture de près de 900 écoles, ce qui a affecté près de 200 000 enfants et les a rendus plus vulnérables à l'exploitation par les gangs. La situation est encore aggravée par le manque d'espaces sûrs et privés permettant une prise en charge psychologique des enfants, ce qui accroît le risque d'abus et de traite des êtres humains.

Incidents de sécurité
Localisation de l'incident

Source: ACLED

Les femmes et les jeunes filles déplacées, en particulier celles qui vivent dans des sites pour personnes déplacées, sont touchées de manière disproportionnée par l'insécurité et la violence (lien en anglais). La violence basée sur le genre s'est accrue dans le contexte de la crise actuelle. De janvier à mai 2024, 3 949 incidents de violence basée sur le genre, y compris des actes de violence sexuelle, des agressions physiques et des actes de violence psychologique/émotionnelle, ont été signalés aux organismes de prise en charge de la violence basée sur le genre. La hausse du nombre de personnes déplacées et la détérioration des conditions de sécurité dans les sites de déplacés internes ont encore accru les risques de violence basée sur le genre. En mars 2024, les incidents de ce type ont été presque quatre fois plus nombreux qu'au cours des deux premiers mois (44 en janvier et février contre 172 en mars), certains intervenants signalant jusqu'à 40 cas de viols par jour.

Nombre d'incidents de violence basée sur le genre pour 1000 personnes déplacées internes
1
15
65

Source: HCR

La situation sanitaire et en matière de sécurité alimentaire en Haïti sont également à des niveaux critiques. Près de la moitié de la population souffre d'insécurité alimentaire sévère, avec 2 millions de personnes se trouvant en situation d'urgence. Les dernières projections du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) pour septembre 2024 montrent une aggravation de l'insécurité alimentaire, avec environ 1,2 million de personnes supplémentaires confrontées à une insécurité alimentaire aiguë par rapport aux estimations précédentes.

Classification de l'insécurité alimentaire aiguë selon l'IPC
Crise - 3
Urgence - 4

Source: IPC

Les conditions de vie des populations déplacées à l'intérieur du pays sont de plus en plus difficiles. Alors que la plupart des sites de déplacés sont concentrés autour de Port-au-Prince, il y a eu un mouvement progressif vers différents départements à travers le pays et en particulier vers le sud où près de 268 000 personnes déplacées vivent actuellement. Beaucoup sont confrontés à de graves pénuries dans les domaines de la nourriture, de l'eau, des abris et des soins médicaux. Environ 83% des personnes déplacées sont hébergées dans des familles d'accueil, qui doivent souvent composer avec des ressources limitées. Les contraintes d'accès rendent plus difficile l'acheminement de l'aide humanitaire aux personnes dans le besoin.

Pour les Haïtiens renvoyés de force en Haïti, le retour dans ce pays en proie à des troubles, souvent après des années de vie à l'étranger, et compte tenu des conditions dans lesquelles s'effectuent les retours forcés, qui comprennent souvent une période de détention, la réintégration est d'autant plus difficile. Les besoins humanitaires des personnes rapatriées ne cessent de croître.

En Haïti, les agences des Nations unies, la société civile et leurs partenaires nationaux et internationaux s'efforcent de répondre aux besoins humanitaires. Ces efforts comprennent une aide d'urgence à des millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire, la fourniture de services de base à un nombre croissant de familles déplacées dans les sites et au sein des communautés d'accueil, la prévention et la réponse aux problèmes de protection, y compris la généralisation des cas de violence basée sur le genre. Parallèlement à ces efforts, les partenaires humanitaires s'attachent à renforcer les capacités du gouvernement et à améliorer la préparation aux catastrophes naturelles, notamment par des mesures d'anticipation

Degré de difficulté de l'accès humanitaire
Faible
Moyen
Élevé

Source: OCHA

Hors des frontières d'Haïti

La situation humanitaire désastreuse en Haïti contraint toujours plus d'Haïtiens à fuir leur pays en quête de sécurité. En décembre 2023, plus de 350 000 Haïtiens avaient cherché refuge à l'étranger, la grande majorité d'entre eux restant sur le continent américain.

Parmi les personnes fuyant Haïti se trouvent des personnes ayant des besoins de protection, des profils et des motivations différents. Il peut s'agir d'enfants non accompagnés ou séparés de leur famille, de victimes de la traite des êtres humains ou de victimes de violences basées sur le genre. Certaines personnes peuvent avoir des raisons fondées de demander l'asile au titre des recommandations du HCR relatives à la protection internationale des personnes fuyant Haïti, tandis que d'autres peuvent avoir d'autres besoins en matière de protection. Les profils variés des personnes en fuite soulignent le besoin urgent de protection et de soutien pour les Haïtiens en quête de sécurité dans la région et au-delà.

Haïtiens déracinés sur le continent américain

Les destinations les plus courantes pour les Haïtiens fuyant le pays sont les pays des Caraïbes, d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud.

La situation en Haïti a donné lieu à différentes phases de déplacement au cours de la dernière décennie, y compris une augmentation des traversées maritimes, comme l'indique l'augmentation des interceptions en mer. En 2024, les principales destinations prévues de ces déplacements étaient les Bahamas, les États-Unis et les îles Turks et Caïques, avec d'autres déplacements à plus petite échelle observés vers d'autres îles du nord des Caraïbes.

Principaux itinéraires de déplacement par catégorie
Terre
Mer
Air

Source: HCR

Sur le continent américain, dautres destinations des Haïtiens sont le Brésil, le Chili et la Guyane française, mais ces itinéraires sont coûteux car ils impliquent des voyages en avion. De plus, le manque daccès aux documents didentité constitue un défi supplémentaire pour les Haïtiens qui cherchent à voyager de façon régulière.

Principaux itinéraires de déplacement par catégorie
Terre
Mer
Air

Source: HCR

Alors que certaines personnes restent dans les pays de première arrivée, d'autres poursuivent leur périple à travers l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale, où elles peuvent passer au moins 6 mois, et dans de nombreux cas plus d'un an, avant de continuer plus au nord. Ce parcours remontant vers le nord passe principalement par l'Équateur et la Colombie, avant de mener à la dangereuse traversée de la jungle du Darién pour entrer au Panama.

Principaux itinéraires de déplacement par catégorie
Terre
Mer
Air

Source: HCR

La route terrestre du Darién est particulièrement dangereuse. En 2023, plus de 46 000 ressortissants haïtiens ont traversé le Darién, faisant d'Haïti le troisième pays d'origine le plus souvent recensé, après le Venezuela et l'Équateur. Cette tendance s'est poursuivie en 2024, avec plus de 11 000 traversées irrégulières signalées en date du début du mois de septembre. Nombreux sont ceux qui atteignent les pays d'Amérique centrale, le Mexique et les États-Unis par cette voie terrestre.

Panama. Plus de 70 000 personnes ont traversé le Darién au cours des premiers mois de 2024.
©HCR/Melissa Pinel

En plus des défis posés aux personnes se déplaçant au sein de mouvements mixtes, les Haïtiens, qui parlent principalement le kreyol (créole haïtien), sont souvent confrontés à des obstacles linguistiques. Les demandeurs d'asile et les migrants haïtiens sur le continent américain sont souvent confrontés à des barrières multiples pour accéder à la protection et aux solutions, et notamment des problèmes de discrimination, de xénophobie et de manque d'accès à l'information.

Principaux itinéraires de déplacement par catégorie
Terre
Mer
Air

Source: HCR

Des solutions pour les réfugiés haïtiens

La crise en Haïti est due à de multiples facteurs, notamment l'instabilité politique, les difficultés économiques, la violence et les catastrophes naturelles. Pour faire face à cette situation complexe, il faut une réponse globale et multidimensionnelle de la part des acteurs de la région et au-delà, et qui intègre des solutions durables.

En mars 2024, le HCR a publié des recommandations en matière de protection internationale concernant les personnes fuyant Haïti (lien en anglais), décrivant certains profils qui pourraient être éligibles à la protection des réfugiés en vertu de la Convention de 1951 sur les réfugiés ou de la définition élargie de la Déclaration de Carthagène de 1984. Ces considérations donnent des indications aux États pour leur permettre d'évaluer les demandes d'asile à la lumière de l'extrême violence, des violations des droits humains et des événements qui perturbent gravement l'ordre public en Haïti. Demander l'asile est un droit humain, et le HCR s'est engagé à travailler avec les pays d'accueil pour fournir un soutien juridique et humanitaire aux hôtes et aux demandeurs d'asile qu'ils protègent.

Ces pays peuvent également envisager d'accorder d'autres formes de protection aux personnes originaires d'Haïti, que ce soit une protection complémentaire, une protection temporaire, une admission humanitaire ou d'autres dispositions légales en matière de séjour. Plusieurs pays du continent américain proposent déjà ces alternatives aux Haïtiens déracinés, renforçant ainsi leur protection et leur permettant de s'intégrer dans les communautés qui les ont accueillis :

Le Mexique

Le Mexique est devenu le premier pays d'Amérique latine à appliquer la définition de Carthagène aux demandeurs d'asile haïtiens, suite à des sessions de formation organisées pour le personnel de la Commission mexicaine d'aide aux réfugiés (COMAR) en juillet, avec le soutien du HCR. Cette application de la définition de Carthagène devrait améliorer la capacité de la COMAR à traiter efficacement les demandes d'asile des Haïtiens et à leur offrir une protection complète, y compris la possibilité d'un regroupement familial au Mexique - un avantage dont ils ne bénéficient pas dans le cadre d'une protection complémentaire ou d'un statut migratoire ordinaire.

Mexique. Les réfugiés peuvent reconstruire leur vie à Aguascalientes grâce à un programme de relocalisation et d'intégration.
©HCR/Jeoffrey Guillemard
Chili

Suite au tremblement de terre de 2010 qui a durement touché Haïti, le Chili a adopté différentes mesures pour faciliter la régularisation des Haïtiens sur son territoire, y compris des visas temporaires et des mesures visant à faciliter le regroupement familial. Le nombre de ressortissants haïtiens au Chili a fortement augmenté depuis, avec un total de 184 721 Haïtiens au Chili, sur la base des chiffres officiels de décembre 2022. Malgré les difficultés rencontrées pour satisfaire aux exigences de demande de visas pour la résidence permanente, en 2023, les Haïtiens représentaient le deuxième plus grand nombre de demandes de résidence permanente, avec 25 799 demandes.

Brésil

Le Brésil a toujours été un pays accueillant pour la population haïtienne. Les Haïtiens peuvent y demander un visa permanent pour motifs humanitaires. En juin 2023, le gouvernement a lancé le Plan d'action pour le renforcement de la protection et de l'intégration locale de la population haïtienne au Brésil, une initiative élaborée conjointement avec le HCR.

Ce plan vise à la fois les Haïtiens résidant déjà au Brésil, afin de soutenir leur parcours d'intégration et d'essayer de prévenir les mouvements secondaires dangereux, et ceux qui sont arrivés plus récemment et qui ont besoin d'un accès rapide à l'information, à la protection et aux moyens de subsistance.

Brésil. Réponse du HCR aux inondations dans l'Etat de Rio Grande do Sul. Claudia est originaire d'Haïti - elle est une résidente ayant besoin d'une protection internationale.
©HCR/Joana Lopes
Canada

Le gouvernement fédéral a inauguré une voie d'accès humanitaire pour les familles afin d'accorder la résidence permanente aux ressortissants haïtiens, colombiens et vénézuéliens dont des membres de la famille résident au Canada, ce qui devrait bénéficier à 11 000 personnes.

En reconnaissance de leur contribution exceptionnelle pendant la pandémie de Covid-19, en 2021, le Canada a mis en œuvre une mesure spéciale pour offrir une voie d'accès à la résidence permanente aux demandeurs d'asile - y compris de nombreux Haïtiens - dans tout le pays travaillant dans le secteur des soins de santé.

États-Unis

Le 28 juin 2024, les États-Unis ont annoncé la reconduction d'Haïti dans le cadre du Statut de protection temporaire (TPS) pour une période de 18 mois, jusqu'au 3 février 2026. La reconduction de ce statut pour Haïti permettra à environ 309 000 ressortissants haïtiens supplémentaires de déposer une demande de protection temporaire.

Autres solutions

Plusieurs pays du continent américain et d'ailleurs offrent diverses formes de protection et de séjour légal aux réfugiés haïtiens, notamment des mesures de protection temporaire, de regroupement familial, des visas humanitaires et l'accès aux documents d'identité.

Par exemple, la France a mis en place un programme éducatif spécifiquement destiné aux réfugiés haïtiens en âge de fréquenter l'école secondaire, et les Bahamas ont modifié la loi sur les passeports afin de permettre aux enfants d'hommes bahamiens nés de femmes étrangères aux Bahamas d'obtenir la nationalité. Les enfants nés de mères haïtiennes nées aux Bahamas constituent le principal profil des personnes concernées par la nouvelle législation.

Sur l'ensemble du continent américain, le HCR travaille avec ses partenaires pour apporter une protection et des solutions aux Haïtiens en situation de déplacement forcé. En Haïti, le HCR travaille aux côtés d'agences des Nations Unies et de partenaires de protection pour renforcer la protection des personnes déplacées internes et leur fournir un accès aux documents d'identité afin de prévenir l'apatridie et d'assurer le respect de leurs droits.

Malgré la gravité de la crise, le financement de la réponse humanitaire en Haïti reste extrêmement faible. Le plan de réponse humanitaire est actuellement financé à 39 %.

Note de plaidoyer pour la mobilisation immédiate de ressources.

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